Si la capitulation du 2 septembre 1945, si l’horreur des meurtrières explosions nucléaires de Hiroshima (6 août) et de Nagasaki (9 août) ont stoppé net l’expansionnisme militaire japonais et injustement meurtri la population, si l’empereur nippon (le mikado) est passé du statut de dieu vivant de la guerre au rôle de symbole anodin de l’unité nipponne désarmée, le Japon n’a pas pour autant renoncé à son nationalisme chauvin.
Allié au shintoïsme, il continue d’en sculpter la mentalité. Il favorise la persistance de la négation des crimes commis à l’encontre de la Chine, de la Corée, de la Mandchourie. Ce nationalisme est aussi la source de la discrimination qui frappe toujours ses minorités nationales (aïnous, burakumin...) et du négationnisme qui redessine l’histoire des manuels et les stigmates d’un passé controversé.
Le paradoxe nippon est celui d’un pays fragilisé par son isolement, sa démographie déficiente, sa difficulté à accueillir l’étranger et à l’intégrer, son rapport à la mort et au devoir, sa relation aux religions étrangères. Ce qui donne à la catholique Nagasaki l’ampleur d’une exception à l’échelle de la civilisation depuis la Renaissance.
Sans compter le remilitarisation actuelle du pays mis hors d’état de nuire en 1945 qui avait brutalement japonisé Corée et Mandchourie, asservi leurs ressortissantes et leurs travailleurs. Sans consentir à le reconnaître sincèrement, encore aujourd’hui.