« L'Europe deviendra-t-elle ce qu'elle est en réalité, c'est-à-dire: un petit cap du continent asiatique, ou bien l'Europe restera-t-elle ce qu'elle paraît, c'est-à-dire: la partie la plus précieuse de l'univers terrestre, la perle de la sphère, le cerveau d'un vaste corps »....
« ....Nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles.... »
Ces deux extraits de lettres écrites par Paul Valéry pour la revue londonienne "Atheneum" en 1919, au sortir de la Grande Guerre, résonnent encore un siècle plus tard, à l'heure de la guerre en Ukraine, à 3 heures 30 de Paris. Il est temps de se pencher sur l'histoire, les contours géographiques ou encore les valeurs qui rendent l'Europe unique dans le monde.
En effet, après avoir dominé la première mondialisation et conquis des empires, s'être entredéchirée voire tenté de se suicider par deux conflits mondiaux mais dont l'origine est européenne, c'est, à ma connaissance, le seul continent où l'idée fort ancienne d'union a été concrétisée depuis soixante ans, à rebours des échecs du panarabisme ou du panafricanisme.
Pourtant cette histoire est encore méconnue et sujette à malentendus, comme en témoigne cette anecdote suivante : en 1989, après l'ouverture du rideau de fer à la frontière entre l'Autiche et la Hongrie, un journaliste français pose une question maladroite à deux jeunes femmes hongroises enthousiastes :
"Qu'est-ce que cela vous fait-il d'être européennes ?"
A quoi elles répondent, choquées : "Mais nous avons toujours été européennes !".